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Special Hobby SH72078 1/72 Hunting-Percival P.66  Pembroke C Mk54

Special Hobby  SH72078 1/72 Hunting-Percival P.66 Pembroke C mk 54 [2004]

Le moulage de ce kit est très réussi et se compare sans peine aux productions de grandes marques. La présentation sur les grappes, la finesse de certaines pièces et la gravure en creux font bonne impression. Les décalcomanies sont très fines, parfaitement impimées, sans défaut de repérage de couleurs dans le genre "les cocardes qui louchent". En terme de qualité de fabrication, nous somme une galaxie au delà d'autres productions artisanales bien connues.

Cependant, comme on le verra, ce panorama idyllique cache pas mal de pièges dont il est bien difficile de se dépêtrer.

D'emblée, on est confronté à la présentation un peu confuse de la notice concernant les versions alternatives. Le mieux est de tout lire à son aise, de se référer à des références photographiques sérieuses et de biffer les pièces qui ne conviennent pas sur le plan. Effectuer ce travail avant d'entamer le montage vous évitera erreurs et interrogations une fois les pièces pleines de colle en main.

Les coquilles de fuselage, moulées en gris, sont déjà couvertes d'une couche de blanc à l'aérographe sur la zone des hublots, et ceci avant de mettre les pièces transparentes en place. Cette précaution va faciliter les opérations de masquage des hublots qui seront peu accessibles une fois le montage du kit terminé.
Ces hublots s'ajustent fort précisément dans leur logement, mais il faudra manier la colle liquide avec les plus grandes précautions pour ne pas les endommager. On peut aussi s'abstenir de les utiliser et représenter ces transparences à l'aide de Kristal Kleer. Cependant la dimension de ces hublots ne s'y prête pas et la différence optique sera sensible.
Les coquilles de fuselage ne comportent aucun plot d'assemblage. Pour parer à d'éventuels problèmes de montage, il est possible d'utiliser un truc inspiré du montage des kits en thermoformé: de fines bandelettes de plastique sont collées le long du bord des coquilles, en les faisant légèrement déborder, afin de renforcer le collage et d'aider à la mise en place des pièces.

L'intérieur et le poste de pilotage bénéficient d'un niveau de détail étonnant. Les sièges ont des accoudoirs séparés, mais pas de harnais de sécurité. Différents types de tableaux de bord et d'aménagement intérieurs liés aux différentes versions sont fournis dans la boîte. Des pièces très fines en résine reproduisent les volants de commande et le bloc manettes central.
Tout cela est d'autant plus étonnant que l'on ne verra plus rien de tout cela une fois le fuselage refermé. Le seul détail d'aménagement typique qui sera visible sur le modèle terminé n'est pas fourni: des rideaux gris bleu qui occultent les hublots. A faire soi-même.

Le lestage de tout l'espace disponible sous le poste de pilotage et dans le fuselage est réalisé en pure perte. Le train d'atterrissage tricycle étant disposé très en avant, le kit va s'asseoir sur son croupion quand même. Un défaut dont l'avion réel était affligé, la notice évoquant d'ailleurs l'existence d'une béquille de soutien à placer sous la queue pour empêcher l'avion de "tomber" en arrière. Le détail est parfaitement authentique et l'embarquement à bord du Pembroke devait se faire en bon ordre pour éviter l'humiliant incident!

Les coquilles de fuselage peuvent à présent être collées. Celles-ci étant cintrées, il faudra les maintenir avec des pinces à linge pendant le séchage. Cette opération doit être effectuée avec grand soin, car en assemblant les pièces de force, il faut veiller  à ne pas obtenir un fuselage vrillé. Si tel était le cas, le montage correct et bien d'équerre de la voilure et des empennages deviendrait quasiment impossible. Une pièce transparente forme l'avant du fuselage et le nez vitré. Une solution élégante qui évite les bavures de colle sur la pièce transparente. Le poste de l'oservateur sera peu visible mais il y a deux détails qu'un pinailleur voudra ajouter: la grosse buse présente sous le plancher qui sert probablement à désembuer la bulle vitrée et une antenne métallique présent dans le haut de cette bulle. Le joint du nez avec le fuselage nécessite un ponçage soigneux car un assemblage sommaire serait très visible. Le ponçage du joint des demi-fuselages risque de produire l'effet d'une bande plate sur le sommet du fuselage. Il faut alors poncer plus largement afin de reconstituer la courbure du tout, puis regraver les détails effacés par le ponçage.

A l'examen des photos de l'avion, on aperçoit dans le cockpit une pièce de toile orange qui occulte les parties hautes de la verrière, ceci afin d'isoler l'équipage du rayonnement solaire. Il faut donc reproduire sur le modèle ce détail fort visible et, par l'intérieur de la verrière, occulter les panneaux incriminés d'un coup de pinceau, de papier, ou de décalcomanie de la couleur idoine. Ensuite seulement, la pièce peut être collée sur le poste de pilotage. Le joint du haut du cokpit et du fuselage est à mastiquer et poncer avec la plus grande attention. On peut dès à présent procéder au masquage à l'adhésif des parties transparentes. Un travail de bénédictin. Après ce masquage soigneux du nez et de la verrière, les parties montants métalliques et les armatures sont peintes d'une couche de noir qui sera visible par l'intérieur des transparences. Ensuite une couche de gris clair est appliquée afin que ce noir ne se voie pas à travers la peinture blanche définitive. Ces couches préparatoires vous permettrons également de juger de la qualité des joints du nez et de la verrière, éventuellement de remanier un défaut.
NB: le positionnement du masquage de la bulle de nez n'est pas évident et c'est une affaire traîtreuse, car si le tracé de la peinture du nez tombe au mauvais endroit, il sera difficile de mettre convenablement en place la décalcomanie de la bande de fuselage. Quand à reprendre un travail de peinture en blanc brillant sur un modèle arrivé au stade final, il vaut mieux ne pas y penser. En l'absence de tout repère valable, c'est un point à aborder avec la plus grande prudence.
Le plus simple est de réaliser une photocopie en noir et blanc de la bande de fuselage fournie sur la feuille de décalcomanie, et de la placer sur le modèle pour servir de repère. Les hublots de cabine sont masqués avec facilité grâce à l'aprêt blanc déjà réalisé. Une simple petite bande d'adhésif couvre la rangée de hublots. Une différence de tonalité n'est pas dramatiques puisque cette fine zone masquée sera elle même recouverte par la décalcomanie au stade final de la décoration. Il est utile de réaliser le masquage des transparences à ce stade pour les protéger mais aussi parce qu'elle seront beaucoup moins accessibles après le montage de la voilure et des moteurs.

Les ailes sont le point noir de ce kit. Dans le but de proposer plusieurs versions de l'avion à partir du même moule, elles sont tronçonnées de manière à permettre l'obtention d'ailes d'envergure différentes. Ici, il faut ajouter un moignon servant à allonger l'envergure, lequel doit lui-même être amputé d'une partie du saumon d'aile pour y adapter la pièce transparente figurant les feux de position. Phase d'assemblage exaspérante donnant un résultat peu convaincant, fragile et bancal.
On n'assemble surtout pas les demi-ailes à ce stade.

Les extrémités de ces ailes gigognes étant trop épaisses, on commence par les poncer à plat sur une feuille d'émeri pour les amincir. Vérifier à sec leur alignement avec la demi-aile principale au fur et à mesure de la manipulation. Lorsque les épaisseurs correspondent, on colle les demi ailes et leur rallonge ensemble, et on les laisse sécher bien à plat sur une surface parfaitement plane. L'épaisseur de l'aile étant à cet endroit de 1 millimètre tout au plus, le montage est fragile. Une solution possible est de creuser une rainure dans la face interne et d'y insérer à la cyanolite une fine tige métallique en guise de longeron. Le montage des demi-ailes ayant séché, on peut poncer le joint de collage puis tenter de restaurer les détails de structure. Il est bien difficile de faire disparaître toute trace de cette farce de mauvais goût sans poncer les détails de structure en relief sur les ailerons.  Quand vous aurez fini de lancer des sorts vaudous assassins à l'encontre du concepteur du kit, vous pourrez enfin assembler les ailes, en espérant que ça tienne, puis vous attaquer prudemment à la découpe et au montage des feux de position qu'il faut ensuite poncer et repolir pour les intégrer dans le saumon d'aile.

Du fait qu'il n'y a aucun repère de montage, il est vivement recommandé de NE PAS monter des fuseaux moteurs sur les ailes, mais de monter d'abord les ailes sur le fuselage. Le joint entre l'aile et le fuselage sera bien plus accessible de cette manière. Ceci permet également de coller les nacelles des moteurs bien parallèles au fuselage et non selon un angle quelconque. C'est sur ces fameux fuseaux moteurs que le démon du kit à dix versions frappe à nouveau. L'arrière de ces fuseaux est constitué d'un assemblage censé leur donner la forme requise selon le type désiré. Nid à joints, cet assemblage est également faux dans la version belge du Pembroke. Les stries représentées sur la pièce s'arrêtent au bord de fuite, alors qu'elles devraient remonter jusqu'au niveau de l'articulation des flaps. on ne peut que mastiquer et poncer tout cela pour obtenir un aspect correct puis reconstituer patiemment les stries, par exemple à l'aide de fines bandelettes de papier collant, coupées à dimension au scalpel.
Après avoir réalisé tous ces travaux, poncé les joints ailes-fuselage, vous pourrez respecter une minute de silence en mémoire de la belle gravure que l'on pouvait autrefois admirer sur cette maquette.

Avant de coller les demi-coquilles des capots, il faut faire disparaître les gros plots, probablement des traces d'éjecteur de moule, qui se trouvent à l'intérieur. Si on néglige cette correction, il ne sera pas possible de mettre en place les moteurs. Ces capotages semblent un peu rondelet en comparaison des photos. Sans doute parce que l'ouverture frontale n'est pas assez large, mais on peut l'agrandir en y faisant tourner une meule conique. Ceci a également l'avantage de rendre l'ouverture parfaitement concentrique, ce qu'elle n'est pas, vu l'assemblage par demi-coquilles, dépourvu d'anneau frontal. Les petits profilés en demi goutte d'eau sur les flancs des capots représentent de petites prises d'air latérales. Elles peuvent paraître très schématiques, mais, vu leur taille, il est en fait difficile de faire mieux, à moins de gratter très précautionneusement pour en raffiner la forme.

La représentation des moteurs est très primaire. Il manque surtout le gros carter d'huile assez visible, ainsi que, sur les capots, la gravure des trappes permettant d'y accéder. Les moteurs collés sur leur fuseau, le capot se glisse sur le tout et s'ajuste à l'oeil, car une fois de plus il n'y a guère de repères pour aider au montage correct. Il reste à coller les petits carénages sur le haut des capots et des fuseaux, ce qui se passe sans grands problème, car les pièces s'ajustent bien... si tout ce qui précède est monté en bonne place!

Sur l'intrados des ailes manquent un certain nombre de détails, certains minuscules à cette échelle, d'autres plus conséquents. Sur chaque aile, un petit trou est à percer dans le bord d'attaque, juste à l'extérieur des nacelles moteurs. Une petite ouïe carénée manque sous l'aile entre fuselage et moteurs. De petits points d'attache au milieu de l'intrados ne sont pas présents, mais auraient la taille d'une pointe d'aiguille à cette échelle. Les commandes d'aileron sont représentées, mais pas le mécanisme des flaps. Il manque la sonde pitot et le gros phare d'atterrissage.

Les profondeurs sont mises en place bien d'équerre et collées solidement, car les plots de montage sont minimaux et le montage risque de rester fragile. On y trouve une curiosité qui interpelle et serait fort ennuyeuse si elle était à corriger: la gravures des articulations des profondeurs est en légère flèche, au lieu d'être droite et perpendiculaire à l'axe du fuselage. Douteux. Peut-être encore un problème dû à l'absence de repères d'assemblage?

La décoration est simple en principe et exigeante dans l'exécution: blanc brillant avec des panneaux anti-reflet et anti-corrosion noirs. Nous avons évoqué au début de cet article le piège du positionnement de la bulle de nez. Il vous reste une chance de vérifier ce point. Attention: le schéma de décoration proposé dans la notice n'est pas tout à fait correct. Le panneau anti reflet devant le poste de pilotage n'a pas cette forme. Il n'est pas à bords droit mais se courbe vers l'avant et ne touche pas la limite de la bulle transparente. La peinture noire à l'extérieur des nacelles moteurs doit couvrir également l'intrados jusqu'aux dégivreurs. Le dégivreur de la dérive doit monter plus haut. Un petit triangle vert couvre l'implantation d'une antenne fil à réaliser soi-même de chaque côté du haut de la dérive. Sur le véritable appareil, des retouches de peinture sommaires ont jauni et donnent un aspect "patché" à l'avion. quelques trappes sur l'extrados, au niveau des moteurs ont une nuance nettement différente. Néanmoins, ceci n'est pas un avion de combat revenu du feu, et il faudra éviter de transformer la maquette en tas de boue. Le blanc brillant et le noir ne sont pas bons amis. Attention aux taches de doigts! Les partisans de l'aérographe et de la peinture acrylique pourront ici mesurer l'étendue de leur bonheur par rapport à l'émail appliqué au pinceau, pour autant qu'ils soient habiles et prudents pendant les opérations de masquage. Les feux de positions ne doivent surtout pas être colorés et restent transparents, car dans ce cas précis, l'examen du véritable appareil prouve que seules les ampoules sont colorées.

Tout ce travail étant bouclé, on peut passer à l 'application des décalcomanies. Vérifiez encore la position de la bulle de nez par rapport à la longueur de la bande de fuselage, sinon c'est le drame. Après tous les problèmes rencontrés, la qualité des décals est un vrai bonheur. Très fines et totalement transparentes, sans film jaunâtres, elles s'appliquent parfaitement, même sans solvant dédié. Ayant le défaut de leur qualité, elles doivent être maniées avec soin pour ne pas se chiffonner ou se tordre sur la maquette. Mouiller généreusement au pinceau avant de tenter de les déplacer ou de les ajuster sur le modèle.
Quelques manquements sont constatés sur la feuille de décalcomanie. L'insigne de la tête d'indien est simplifié vu sa petite taille, un défi pour l'imprimeur. Tous les marquages techniques de l'intrados ont été oubliés: numéros de série des ailerons et flaps, symboles autour des points d'ancrage, etc... Sur le reste de l'appareil, le matériel fourni est relativement complet, et seuls les perfectionnistes pourront repérer quelques interventions ou menues modifications personnelles à réaliser, notamment au niveau de petits symboles présents autour des nacelles moteurs. Arrivé à ce niveau de détail, seul un examen particulièrement maniaque du véritable appareil exposé au Musée du Cinquantenaire vous permettra de faire le point.

Le train d'atterrissage et la floraison d'antennes présentes sur l'appareil ont été prudemment gardés de côté jusquà ce que les opérations de peinture soient achevées. La plupart de ces antennes sont fort justement fournies et renseignées dans le kit, certaines moulées très finement en résine.
Attention à ne pas confondre les équipements des diverses versions et bien examiner le guide de montage ainsi que les références photographiques. Il faudra cependant y mettre du sien pour parachever le tout en réalisant certaines antennes et fils présents sous le ventre de l'avion, ainsi que les déperditeurs d'électricité statiques sur les ailerons et les empennages.

Les canalisations hydrauliques très visibles sont à ajouter sur le train principal. Autour des ouvertures de train, il faut ajouter des trappes d'obturation si minuscules qu'il eut été difficile de les fournir dans le kit. Particularité sur le train principal, les jantes sont peintes en rouge côté extérieur. On peut enfin mettre en place les hélices qui ont été gardées pour la fin.

Nous voici arrivé au bout de nos difficultés. Malgré la qualité de cette production, le "Special Hobby Touch" nous aura laissé une impression mitigée. La multiplicité des écueils rencontrés pendant le montage en font une véritable épreuve. Ceci est vraiment un modèle pour maquettiste haut de gamme.
Très rancunier, on donne un  gros, un énorme, un gigantesque mauvais point à la conception de l'aile tronçonnée multi-version qu'il est bien difficile de monter sans y perdre en terme de qualité sur le modèle fini. Le fait qu'il s'agisse d'une contrainte économique incontournable pour un kit dont la commercialisation est aussi risquée en terme de vente doit être souligné, mais ne change rien à la difficulté de la construction du modèle.

Certains détails peuvent donner l'impression d'avoir été schématisés, mais c'est sans doute à cause de l'échelle.
Mettons aussi sur la table un fait particulier. Alors que bien des avions ont disparus dans la tourmente de l'histoire sans laisser de traces, ce kit du Pembroke paye un lourd tribut au fait de pouvoir être comparé à son original!
La réalisation de ce modèle sur base de l'examen de son original nous aura au moins appris cette leçon: certains sujets se prêtent complaisamment à toutes sortes d'interprétations romantiques qui ne tiendraient pas si une documentation sérieuse existait. Le maquettiste doit donc être capable de conserver son esprit critique
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Un petit photoscope de la vraie machine en cliquant ICI


© P. Laurensis /  Modelstories 2005